1er septembre 1892

C’est alors qu’une ombre apparait au sol. Je me retourne, un jeune homme est dans l’encadrement de la porte. Je l’ai déjà croisé quelques-fois mais ce n’est pas un de mes élèves.

— Excusez-moi Professeur Shettle, me dit-il. Je cherche le professeur Sharp, on m’a dit qu’il était ici.

— Henry, bonsoir, lui répond Aesop. Vous êtes déjà là ?

— Oui, Monsieur, c’est l’avantage d’habiter à Pré-au-Lard !

— Ah oui, ça y est, vous êtes bien installé ?

— Oui, je vous remercie. Et c’est proche du château, donc c’est parfait.

Il est normal d’avoir une conversation cordiale avec ses élèves. Mais de la part d’Aesop, je suis surprise. Sa réputation de professeur de potions plutôt grognon est connue, bien que j’ai vu une nette amélioration depuis l’année dernière. En revanche, je ne l’avais jamais vu échanger avec un élève avec autant de sympathie. Qui peut bien-être ce jeune homme ?

— Isis, je te présente Henry Cleverfly, un de mes élèves qui rentre en 7ème année aujourd’hui.

— Henry, dis-je en souriant, avec un signe de tête poli.

— Professeur Shettle, je regrette d’avoir arrêté la matière soins aux créatures magiques en fin de 5ème année, mais j’ai dû faire un choix par manque de temps. Sachez que vos fiches sur les animaux magiques me sont parvenues par l’intermédiaire de Poppy Sweeting qui est une très bonne amie. Elles sont d’une utilité remarquable.

— En effet, elles le sont, renchérit Aesop.

Je ne sais pas ce qui me fait le plus sourire. Que ce jeune homme soit ami avec Poppy qui est, je l’admets, mon élève favorite, ou l’air satisfait d’Aesop.

— Pardonnez-moi professeur Sharp, puis-je vous dire un mot s’il vous plait ? ajoute Henry avec respect.

— Oui bien sûr, répond Aesop, prenant sa boite d’ingrédients sous le bras. A tout à l’heure Isis.

Je lui fais un petit signe de la main et les regarde s’éloigner vers le château, toujours surprise par cette complicité inattendue entre Aesop et son élève.